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Publié le 29 mars 2024 – Mis à jour le 2 avril 2024
le 22 mars 2024

Cyrille Aillet, professeur en histoire médiévale et chercheur au CIHAM (Histoire, Archéologie, Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux), a reçu le Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe 2024 pour son ouvrage « L’archipel ibadite. Une histoire des marges du Maghreb médiéval » (2022, Ciham Editions).

Doté par l’Académie du Royaume du Maroc et son Secrétaire Perpétuel Abdeljalil Lahjomri, le Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe 2024 a été décerné le vendredi 22 mars par un jury présidé par Vincent Lemire, professeur d'histoire à l'université Gustave-Eiffel, et distingue une présentation récente et innovante sur l’histoire du monde arabe.

Jack Lang, Président de l'Institut du monde arabe, s'est réjoui de cette distinction qui met à l'honneur ce que l'IMA ne cesse de promouvoir « un contenu de qualité, accessible au plus grand nombre, et le dialogue des cultures ». Il a ainsi félicité Cyrille AIllet pour avoir « retracé brillamment la mémoire de cette communauté oubliée, en la replaçant dans le contexte régional et en exploitant des sources inconnues, offrant ainsi au public un grand livre d'histoire ».

 

Entretien avec Cyrille Aillet

Que représente pour vous ce prix décerné par l'Institut du monde arabe ?
C. A. : « Ce prix représente d'abord la reconnaissance de la qualité scientifique de mes travaux, qui contribuent, à leur échelle, à renouveler l'histoire du Maghreb et de l'Islam médiéval. Il récompense aussi un ouvrage qui tente de conjuguer la rigueur historique et l'érudition avec des qualités d'écriture.  L'accessibilité, la clarté, mais aussi la créativité dans la narration, sont en effet fondamentales, à mes yeux, dans l'exercice du métier d'historien. »

 
Comme le souligne Jack Lang, Président de l'IMA, dans le courrier qu'il vous a adressé, votre ouvrage met en lumière une "communauté oubliée". Pouvez-vous nous parler du sujet que vous avez traité et que distingue ce prix ?
C. A. : « L'ibadisme est un courant religieux né en Irak dans les premiers temps de l'islam. Majoritaire dans le sultanat d'Oman, il est également présent au Maghreb (Libye, Tunisie, Algérie) mais ne représente plus qu'une goutte d'eau dans l'océan du sunnisme. De nos jours, ses partisans revendiquent d'être reconnus comme la cinquième école juridique du sunnisme. Pourtant, l'ibadisme n'est ni sunnite, ni chiite : il se rattache à la troisième branche de l'islam, le kharijisme, que ses adversaires accusaient d'être déviant. En effet, cette famille de pensée a développé à l'époque médiévale une théorie politique et religieuse singulière qui justifiait la révolte contre le "tyran" et où l'imam chargé de diriger les fidèles devait être élu par la communauté sur des critères de piété, et non en fonction de sa parenté avec la famille du Prophète. Contrairement au calife, ce gouvernant idéal devait s'appuyer sur des décisions collégiales et pouvait être révoqué s'il ne donnait pas satisfaction. Cette vision égalitaire et anti-monarchique du pouvoir explique que les Ibadites se présentent volontiers comme les "démocrates" de l'islam. »

 
L'Institut du Monde Arabe est un lieu de culture fruit d'un partenariat entre la France et vingt-deux pays arabes : Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Djibouti, Égypte, Émirats Arabes Unis, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Palestine, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie, Tunisie et Yémen.
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