Cultures visuelles
Sylvène Edouard
Descriptif du cours : (choix) en S3
Après une réflexion introductive consacrée aux méthodes d’analyse mises en avant par les historiens en dialogue avec l’histoire de l’art, nous examinerons le statut de l’image à l’époque moderne. Partant de la théorie des signes développée par saint Augustin dans De la doctrine chrétienne, il sera d’abord question d’interroger la capacité sémiotique de l’image, non plus seulement verbale mais aussi iconique. À l’aide d’outils de réflexion contemporains, tels que Mythologies de Roland Barthes et autres ouvrages de sémiologie (Louis Marin) et de linguistique (Ferdinand de Saussure et Charles Sanders Pierce), cette première approche insistera sur l’image comme langage, en revenant sur les différents supports et modes de représentation.
L’image, dans le discours de l’historien, renvoie ensuite plus spécifiquement aux conditions de production - agents et intentions à l’œuvre – ainsi qu’à la réception et à la notion d’efficacité, voire de performance. Nous reviendrons alors sur l’ouvrage de David Freedberg, Le Pouvoir des images (1981), pour en saisir les enjeux dans le cas problématique de l’image religieuse qui fut au cœur des affrontements confessionnels au début de l’époque moderne. Le risque idolâtre fut maintes fois dénoncé jusqu’à s’étendre aux images politiques, comme ce fut le cas sous le règne de Louis XIV.
De l’image religieuse, nous passerons donc ensuite à l’image politique : types, fonctions et réceptions (si possible) de telles images dans les discours de propagande ainsi que leurs limites à travers la production de contre-images. Enfin, nous réfléchirons tout au long de ce cours sur l’apport des images dans l’étude des imaginaires : l’image comme trace ou témoignage d’une construction de l’esprit dans son contexte, de la production à la réception, à travers la notion d’ « horizon d’attente » (Hans R. Jauss).