Séminaire Le rural en transmission

Dès le XIXème siècle et la Révolution Industrielle, les espaces ruraux français vont connaître une industrialisation diffuse grâce à une croissance des proto-industries (petits ateliers productifs ruraux) déjà installées, mais aussi par des implantations ex-nihilo aux abords de zones pertinentes (présence de matières premières, accessibilité, etc.) (Edelblutte et Legrand, 2012).

Aujourd’hui encore, les territoires ruraux français sont plus industriels que les territoires urbains (Edelblutte, 2018), alors même que les politiques d’aménagements dans ces espaces favorisent plutôt le tourisme ou l’agriculture. Dans un même temps, les friches de manufactures sont nombreuses et marquent le paysage rural français. Des initiatives émergent pour faire revivre les savoir-faire manufacturiers dans un objectif de développement économique, mais également touristique et patrimonial. Ainsi, la transmission de savoir-faire de ces anciennes manufactures est plurielle, tant par ses ambitions que sa mise en place. Elle allie la découverte, l’expérience et elle est dotée d’un aspect territorial qui lui permet de tisser du lien au sein de celui-ci. Cependant, la route s’avère parfois compliquée.

Au cœur d’enjeux économiques, sociaux et de développement territorial, des freins émergent et peuvent influer sur ces transmissions. Dans un objectif de préservation d’un patrimoine pour le transmettre générations après générations, elles doivent être en adéquation avec des valeurs de respect et de valorisation de l’environnement et de ses ressources. Cet ancrage territorial concret participe à la création d’une production durable dans un but de résilience des territoires.

À partir de ces constats, ces transmissions participent-elles à créer des territoires ruraux plus dynamiques et résilients ? Quels sont les accompagnements et accompagnateurs pendant ces transmissions ?

Par la présence d’intervenants divers, cette table-ronde est l’occasion de questionner l’évolution des modèles industriels ruraux et leurs impacts, grâce à la transmission de savoir-faire parfois uniques.

Problématique : En quoi la réappropriation et la transmission des savoir-faire manufacturiers ruraux permettent aux campagnes françaises un développement économique, social et touristique, dans un contexte de résilience écologique ?

Intervenant.es

• Béatrice et Gérard BARRAS, co-fondateurs de la SCOOP Ardelaine à Saint-Pierreville (Ardèche).
• Gabrielle LÉGERET, fondatrice de l’Association “De l’or dans les mains” et réalisatrice du podcast “Tour de France des manufactures artisanales”.
• Simon EDELBLUTTE, professeur des Universités et directeur adjoint de l’Unité de recherche en géographie LOTERR Université de Lorraine. Ses travaux de recherche portent essentiellement sur les paysages et les territoires de l'industrie.
   

Ce court-métrage sorti en 2022, réalisé par Brice Cardinal et produit par La Fémis (École de cinéma, Paris), explore le poids des attentes familiales ainsi que les difficultés du travail d’agriculteur. Cette projection nous permet d'introduire la deuxième table ronde au travers du vécu sensible d'une famille d'agriculteurs et de la transmission de leurs terres.

Un quart des agriculteurs va partir à la retraite d’ici 2030 (Terre de liens). La population agricole diminue : certains territoires sont aussi bien traversés par une déprise agricole (nous entendons ici le “recul des superficies cultivées”, d’après Géoconfluences), que par une intensification des pratiques. D’après le recensement agricole Agreste de 2020, la France métropolitaine compte 389 000 exploitations, soit 100 000 de moins qu’en 2010 (Terre de liens, 2022). Il s’agit donc de 180 exploitations qui disparaissent chaque semaine (Lataste, 2022). En parallèle, la superficie agricole utilisée (SAU) moyenne des exploitations est passée de 55 ha en 2010, à 69 ha dix ans plus tard, soit une augmentation de 25% (Agreste, 2020). Or, d’après le rapport du parlement européen sur l’état des lieux de la concentration agricole dans l’Union européenne (2017), « Une concentration excessive des terres agricoles divise la société, déstabilise le milieu rural et met en péril la sécurité́ alimentaire, ce qui nuit aux objectifs écologiques et sociaux européens. ». En effet, les difficultés à la transmission agricole viennent questionner en profondeur nos sociétés et leur avenir, d’un point de vue social, alimentaire, environnemental, paysager et économique.

Avec cette table ronde, il s’agit de donner la parole à des personnes concernées par ces difficultés, à celles et ceux qui cherchent à accompagner les agriculteur.rices, à dépasser ces freins, ou qui étudient ce défi social historique.

Nous proposons de discuter de la nature de ces difficultés, qu’il s’agisse de la transmission de la société agricole et de ses “outils de production” (cheptel, culture, matériel), en proposant un accent sur la question de la transmission du foncier, support primordial à l’existence et à la viabilité de l’exploitation. Dans un second temps, nous essaierons de partager des leviers d’actions, des expériences, permettant de faciliter la transmission.

Problématique : Quelles sont les difficultés et les besoins liés à la transmission des exploitations agricoles et quelles sont les méthodes employées pour y répondre ?

Intervenant.es :

• Perrine VANDENBROUCKE, enseignante-chercheuse à l’ISARA, membre du Laboratoire d’Études Rurales, elle est spécialisée dans le renouvellement entrepreneurial en agriculture et dans la transition des systèmes alimentaires et agricoles.
• Dominique LATASTE, psychosociologue, il est le cofondateur de l’organisme Autrement-dit qui organise des formations et des actions de sensibilisation dans le domaine de l'agriculture et du rural.
• Christian RIVOIRE, agriculteur, il est producteur de fromage de chèvre à Yzeron.
• Cybill NION-PRIGENT, ingénieure agronome spécialisée dans le développement rural et l’alimentation durable, et membre bénévole de Terre de Liens Pilat.